Fictions à l'oeuvre. Que peut la fiction ? Quels usages – politiques, cognitifs, subjectifs – fait-on de la représentation et de la mise en récits de mondes possibles ? Quels sont les effets, dans le réel, des images et des énoncés fictifs ? Ce chantier de Vacarme entend s'installer sur la zone de partage entre le monde et ses fictions, à l'endroit de leurs interférences, en explorant quatre pistes : − La première portera sur les usages de la fiction comme instrument d'exploration du réel. On questionnera, par exemple, les hypothèses contrefactuelles formulées par certains historiens, qui permettent de réévaluer les incertitudes de chaque époque en montrant que d'autres avenirs étaient alors en germe. On reviendra sur les enjeux et les formes du recours à la fiction dans les pratiques documentaires, qu'elles soient littéraires ou cinématographiques. − La deuxième piste sera l'occasion de remettre en chantier la vieille question des politiques de la fiction. On tentera, à plusieurs, de confronter les critères intuitifs par lesquels on distingue entre fictions de gauche et de droite. On se demandera quels récits manquent aujourd'hui à notre imaginaire politique. − Troisième piste, on s'arrêtera sur la façon dont certaines pratiques fictionnelles contribuent à informer, reconfigurer ou démultiplier les existences contemporaines : avatars des jeux comme Second Life ou World of Warkraft, écritures auto-fictionnelles, mais aussi éclairages mutuels de la fiction et de la psychanalyse. − Quatrième piste, enfin, on s'intéressera à certains usages perturbateurs de la fiction : pratiques artistiques de l'artefact et du simulacre ; pratiques activistes du canular et de la diffusion de fausses informations dont les Yes Men, pour ne citer qu'eux, ont pu faire leur marque de fabrique. Entretien d'ouverture : Régine Bobin.
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