Né sous X par insémination artificielle, élevé par un couple de lesbiennes, le narrateur de ce récit – qui naturellement n’a pas de nom –, évolue dans une société qui rappelle celle des Roues Carrées du regretté Philippe Murray : un monde post-révolution procréative. On comprend que ça l’agace…

"J’ai crevé à coups de couteau l’utérus d’une chienne qui voulait faire un enfant sans père, et j’ai découvert dans ses entrailles un cadavre réduit à un tronc, la peau tachée de vert.
 (…) J’ai donc eu une enfance ravissante. Tous les matins, maman venait ouvrir mes volets, et la lumière pénétrait par flots entiers dans une chambre grande et blanche ; mon autre maman préparait le petit déjeuner sur la terrasse, et l’Ami Ricoré descendait dans nos bols de lait. Ensuite, je prenais mon petit cartable et Fanny me conduisait à l’école, où l’institutrice me félicitait parce que j’apprenais bien mes tables de multiplication, et pendant la récréation je prenais la main de la petite fille que j’aimais. Les jours d’hiver, elle portait une cagoule noire et elle disait qu’elle était Blanche Neige, alors je mettais mon bonnet violet et je me faisais appeler Simplet."

Marie Pra est née à Dijon en 1979. Elle vit et travaille à Paris. On lui doit déjà le remarquable Synagogue Morne plaine (QUE).