Au nom de la protection contre le chômage, du développement de l'employabilité et de la sécurisation des parcours professionnels, la détention d'un diplôme est devenue une condition pour accéder à l'emploi et conserver une place sur le marché du travail. D'abord adressée aux jeunes sortant du système éducatif, sous l'impulsion de politiques dédiées à la hausse du niveau d'éducation et à la massification du nombre des diplômés, cette condition a progressivement atteint l'ensemble des actifs. 
Bien qu'ils soient encore légion, les non-diplômés sont en effet désormais considérés comme des inemployables et un problème social. L'absence de parchemin serait ainsi un signe de déficience, d'inadaptabilité, source quasi-mécanique de chômage et de précarité. Elle contribuerait également à expliquer les faibles performances de certaines entreprises. Autrement dit, c'est sur l'individu qu'est portée la responsabilité du fonctionnement du marché du travail et de la position qu'il y occupe.

Fabienne Maillard est sociologue, professeur de sciences de l'éducation à l'Université Lille 3 et membre du Centre Interuniversitaire de Recherche en Education de Lille (CIREL-Proféor). Elle a publié Des diplômes aux certifications professionnelles (Rennes, PUR, 2008), Former, certifier, insérer. Effet et paradoxes de l'injonction à la professionnalisation des diplômes (Rennes, PUR, 2012), ainsi qu'un ouvrage consacré au CAP, avec Guy Brucy et Gilles Moreau (Le CAP, un diplôme du peuple, Rennes, PUR, 2013).