Comment fédérer des mouvements sociaux dont la libre association n’implique aucunement la fusion dans un ensemble homogène et centralisé ? Cette question est bien au cœur des luttes altermondialistes et des mouvements des indignés. Comment aller jusqu’au bout de la démocratie «réelle » qui fédère les savoirs locaux et les savoirs universels, les savoirs de la vie quotidienne et les expertises savantes ? La réponse ne réside pas dans un passage « en douceur » du capitalisme financier au communisme informationnel. Les usages sociaux des nouvelles technologies de l’information ne sont jamais déterminés technologiquement, ils portent toujours en eux la possibilité d’un choix, contradictoire, entre plusieurs politiques. La grande alliance entre les cadres, les travailleurs de l’information et les couches populaires ne naît pas spontanément de la mise en commun des expériences locales ; elle ne doit pas en effet gommer les différences des trajectoires de ceux qui décident de lutter ensemble.
Directeur de recherche émérite au CNRS, Jean Lojkine a notamment publié La révolution informationnelle (PUF, 1992),L’adieu à la classe moyenne (La Dispute, 2005), La crise des deux socialismes (Le temps des cerises, 2008), Une autre façon de faire de la politique (Le Temps des cerises, 2012).
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