Affirmation de la poésie se situe à contre temps du diagnostic largement partagé d’un affaiblissement contemporain de la poésie. Judith Balso affirme en effet la puissance de la poésie. Celle-ci ne constitue pas pour autant un "objet" philosophique : en "circulant" parmi les poètes et les poèmes, Balso affirme que la poésie est une pensée, et que la philosophie peut "penser" avec elle. Cette affirmation de la poésie comme pensée et comme créatrice de vérités s’articule autour d’une série d’études consacrées successivement à : Kleist, Stevens, Pessoa, Mandelstam et Dante, Pasolini, les poètes "Meng long", Aiguï et Leopardi. Le livre développe, au fil des poèmes et des "événements poétiques" choisis qui traversent les langues et les siècles, une pensée renouvelée, toute contemporaine, de l’importance de la poésie. Parmi ces événements figurent celui de Pessoa-Caeiro qui invente un poème du "voir", aux limites de la prose, ou de Mandelstam qui ouvre avec Dante un dialogue sur l'Enfer, ou encore d’Aïgui qui invente un poème "sans particularités", dans lequel chaque chose qui existe, existe universellement. "La pensée du poème est tout entière dans le poème lui-même. Celui-ci est à la fois ce qu’il pense et la présentation, plus ou moins compacte, dense, de ce qu’il pense."
Judith Balso est philosophe. Elle enseigne au Collège International de Philosophie à Paris et à l’European Graduate School (Suisse). Sa réflexion porte principalement sur la poésie. Elle a publié en 2006 Pessoa, le passeur métaphysique aux éditions du Seuil.
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