Au tout début du XVIIIe siècle, en Angleterre, une invention considérable va voir le jour et connaître un immense succès, celle d’une presse quotidienne moderne, qui ne se contente plus de transmettre des nouvelles politiques ou militaires. Cette nouvelle presse est symbolisée par un nom : The Spectator, forme d’expression journalistique et littéraire dont on a pu dire, avec raison, qu’elle préfigurait tous les aspects du journalisme moderne. Un journal, donc, qui paraîtra quotidiennement (six numéros par semaine, 555 en tout) où se trouvent traités des thèmes d’actualité, des études de mœurs, des critiques littéraires ou d’art, et même des pages consacrées à la mode et au savoir-vivre, le tout accompagné d’un courrier des lecteurs.
L’immense aventure du Spectator recèle foisons de trésors parmi lesquels ces deux dissections dont rend compte le journal en janvier 1712 : celle du crâne d’un précieux d’abord ; puis celle du cœur d’une coquette. Au-delà de la virtuosité littéraire de Joseph Addsion, ces deux petits récits sous forme de songes s’inscrivent, à n’en pas douter, dans une longue et palpitante histoire de la dissection et de l’anatomie tout aussi littéraire que plastique. C’est pourquoi il a paru fort judicieux d’associer sous cette couverture ces deux petits joyaux à un cahier d’images où les corps sont également ouverts, examinés, sondés, où les chairs sont visitées comme autant d’intimités retournées et mises en lumière.
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